lundi 20 avril 2009

CHINE,
Du 8 au 24 mars

J'accoste à Shanghai où je passe trois jours pour m'organiser un peu... Je visite le jardin Yu, qui est joli et bien chinois: on se promène à travers une succession de petits espaces (où chaque chose représente l'homme et l'univers) bondés de groupes de touristes... ce qui transformera cette visite, qui se serait voulue paisible et méditative selon le dessin de ses créateurs, en un jeu de cache-cache finalement assez rigolo dans ce labyrinthe complexe...


Sortie de là je me retrouve dans les vieilles rues de Shanghai, très belles mais... encore plus bondées... Je suis d'humeur joyeuse, et je ris des dizaines de vendeurs qui tentent de m'attirer dans leur magasin par les mots magiques: « handbag » et « watch ». Irrésistible!!! Non mais j'ai une tête à porter du Versace? Elle est pas belle ma besace antique???
























Je finis par m'échapper de là... puis de Shanghai... Dans le blog on a tendance à montrer plus facilement le beau... Normal... Mais la réalité c'est pas seulement ça... A Shanghai c'est des immeubles à perte de vue, dont une majorité en voie de délabrement, c'est des tas de chantiers (immeubles, routes), et derrière d'immenses panneaux publicitaires, des petites maisons en décomposition, témoins d'un autre âge, en train d'être rasées au profit du béton... Poussière, bruit, ciment, échafaudage, et pollution...

























Yep! Allez pour illustrer ce que je viens de dire voilà une photo du plus bel échafaudage de Shanghai: en bambou! (une exception...)























36 heures plus tard, je suis à Chengdu dans le Sichuan. Je n'avais pas prévu de rester dans cette grande ville, mais d'y prendre un bus pour Songpan d'où je pourrais visiter les deux sites merveilleux de Jiuzhaigou et Huanglong, formations calcaires naturelles de bassins successifs, reliés entre eux par des torrents et des cascades, entourés de montagnes magnifiques et d'une riche végétation... J'avais envie (besoin) de me retrouver dans les bras puissants de mère nature... Voilà seulement c'est une région à population tibétaine, et donc vus les évènements (50è anniversaire des soulèvements de Lhassa et de la fuite du Dalaï Lama)... fermée aux étrangers... Je suis carrément dégoutée...
Tant et si bien que je décide de prendre des vacances de voyage et de ne rien faire du tout (les autres visites dans les environs ne m'intéressent pas vraiment)... A force de bouger ça fait du bien de s'immobiliser un peu... (je suis en grève de photos...)























Donc après trois jours d'arrêt je repars pour le Yunnan, où je vais voir ces fameuses rizières en terrasses construites au fil des siècles par les Hani... Impressionnantes, elles recouvrent des montagnes entières... Gorgées d'eau elles sont effectivement photogéniques (pour qui a un bon appareil photo... le mien se fait vieux et ne peut plus lutter contre la brume et le manque de luminosité...) Mais bon fallait s'y attendre c'est aménagé pour les touristes, et après un voyage d' 1H30 en taxi-touc-touc à 5H du mat, je me retrouve à un guichet!!! Il faut payer un billet d'entrée pour pouvoir s'entasser avec les autres touristes sur les balustrades d'où on peut prendre la meilleure photo... M'en fous moi je paye pas je vais trouver mon spot à moi... (je précise qu'en Chine le prix d'entrée des sites touristiques coûte facilement 100 yuan (10 euros) ce qui, par rapport au coût de la vie, est carrément faramineux!)


Puis je rate mon bus car la route du retour est coupée, alors mon séjour ici se prolonge. Une promenade à pied vers le village d'à côté me fait découvrir la culture locale sous un autre angle, plus authentique: les enfants qui jouent dans les rues où se promènent les cochons, les buffles, les poules et leurs poussins, ainsi que les canards que l'on mène au bâton se baigner dans les terrasses...




Deux jours de bus traversant des terrasses encore plus impressionnantes par leur largeur (environ 1m) et leur étendue... un travail de titans, des montagnes et des montagnes transformées en rizières, plus loin en plantations de thé... bordées de champs de bananiers, entrecoupées de plantations d'arbre à gomme (hévéa). C'est beau mais je suis frappée (moi aussi!) par cette humanisation de la montagne...
Le bus parcourt des centaines de kilomètres de pistes, les passagers vomissent par la fenêtre ou dans des sacs plastique (qui passent eux aussi par la fenêtre) et moi je suis limite mais je me contiens! Puis on passe à côté des charmants villages des Dai (une des nombreuses minorités ethniques du Yunnan) et leurs jolies maisons en bois sur pilotis, et on arrive à Jinghong, où l'atmosphère est détendue, il fait très chaud, les gens sont souriants!

Je visite les deux jardins botaniques et m'y fais grand plaisir...



















































































































A Jinghong parmi les excursions proposées aux touristes il y a la visite des villages des minorités de la région... Il y a même un parc des minorités... Pour moi c'est étrange, et même s'il s'agit peut-être d'une résistance de ma part, je n'ai pas envie de suivre le flow de touristes qui rendent visite à ces populations... Ça me gène que leurs coutumes deviennent un divertissement pour ceux qui ont le privilège de voyager et qui ce faisant exhibent leur richesse (matérielle) et suscitent l'envie... Que les traditions séculaires deviennent peu à peu un produit de consommation... Ces populations qui vivaient pour vivre, et de plus en plus vivent pour l'argent, qui viendra corrompre leur mode de vie, le rendant artificiel, les costumes traditionnels devenant peu à peu des déguisements, les coutumes des spectacles... C'est peut-être inévitable mais je ne tiens pas à y participer... C'est peut-être même le seul moyen de conserver ces traditions! D'empêcher qu'elles ne se diluent complètement dans l'occidentalisation globale jusqu'à disparaître complètement... Mais au sacrifice de leur authenticité... Enfin c'est ce que j'en pense...
Tout cela me renvoie à mes réticences envers le tourisme, et me conforte dans l'idée que voyager en autonome (fourgon, vélo) hors des sentiers battus, ou en participant à la vie (wwoof...) me correspond bien mieux que cette industrie...

Voilà! Il est temps de quitter la Chine pour rejoindre Yo en Thaïlande (happy!) en speedboat sur le Mékong, presque asséché..! (seule option à présent pour se rendre directement en Thaïlande depuis la Chine... Avant on pouvait y aller en cargo mais le gouvernement, bien décidé à prendre sa part du gâteau, a mis fin à cela... dommage!)